lundi 26 décembre 2016

Phèdre, Jean Racine


"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps et transir et brûler."

dimanche 27 novembre 2016

La Confusion des sentiments, Stefan Zweig


 Laissez-vous intriguez ! Entrer dans ce roman et accéder au coeur d'un esprit qui tente de déceler ses sentiments.

L'écriture des pensées du personnage permet de ressentir les pensées du personnages, et son ressenti avec un réalisme transcendant. Les rebondissements sont inattendus, la relation entre le professeur et son élève ne cesse de se complexifier sans qu'eux même ne s'en rende compte.

C'est cet aspect psychologique qui me plaisait déjà dans les nouvelles du recueil La Peur et que j'aime à nouveau dans ce roman. Définitivement, Stefan Zweig traduit avec justesse les émotions humaines entremêlées.



"Et après quelques minutes, je sentis moi-même, oubliant déjà le caractère d'intrusion de ma présence, la force fascinante de son discours agir magnétiquement ; malgré moi je m'approchais davantage, afin de voir, pardessus les paroles, les gestes remarquablement arrondis et élargis des mains, qui parfois, lorsque sonnait un mot puissant, s'écartaient comme des ailes, s'élevaient en frémissant et puis s'abaissaient peu à peu musicalement, avec le geste modérateur du chef d'orchestre. Et toujours la harangue devenait plus hardante, tandis que, comme sur la croupe d'un cheval au galop cet homme ailé s'élevait rythmiquement au dessus de la table rigide et, haletant, poursuivait l'essor impétueux de ses pensées traversées par de fulgurantes images."

vendredi 7 octobre 2016

Le Soleil des Scorta de Laurent Gaudé





 
J'ai beaucoup apprécié l'écriture de Laurent Gaudé que je trouve très belle, le rythme est entraînant. On dévore d'une traite ce récit. L'odeur de la pierre, des olives, de la sueur, on sent tout cela à travers les mots. On ressent devant ces cheminements la vulnérabilité des hommes face au destin et face à cela leur volonté infinie. En refermant le livre, il nous reste un peu de soleil d'une terre que l'auteur a révélé avec beaucoup de passion. 



"Lorsque l'âne fut chargé de quelques affaires, Elia se tourna vers son oncle et lui dit : "Merci zio", avec les yeux pleins de repentance. L'oncle d'abord ne répondit rien. Le soleil se levait sur les collines. Une belle lueur rosée venait chatouiller les crêtes. Il se tourna vers son neveu et lui dit ces paroles qu'Elia n'oublia jamais. Dans cette belle lumière d'un jour naissant, il lui révéla ce qu'il considérait, lui, Domenico, comme sa sagesse personnelle : 
      "Tu n'est rien, Elia. Ni moi non plus. C'est la famille qui compte. Sans elle tu serais mort et le monde aurait continué de tourner sans même s'apercevoir de ta disparition. Nous naissons. Nous mourons. Et dans l'intervalle, il n'y a qu'une chose qui compte. Toi et moi, pris seuls, nous ne sommes rien. Mais les Scorta, les Scorta, ça, c'est quelque chose.""



jeudi 29 septembre 2016

Une maison de poupée d'Henrik Ibsen







NORA "Oui, voyez-vous, il y a les personnes qu'on aime le plus, et celles dont on préfère presque la compagnie."

jeudi 15 septembre 2016

L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, Haruki Murakami


C'est avec ce roman que je découvre la plume d'Haruki Murakami. Ce roman choisit tout à fait par hasard me donne envie de lire d'autres de ces romans notamment Chroniques de l'oiseau à ressort et sa trilogie 1Q84.

Tsukuru apparaît au début du roman comme un être rongé par la dépression, il vient d'avoir vingt ans et rien ne le pousse à vivre. Très vite l'auteur nous apprend le passé de Tsukuru, dans sa jeunesse il a connu l'harmonie rêvée d'une amitié pure et parfaite. Cette amitié a pourtant prit fin de manière traumatique. Tsukuru est rejeté de son groupe, il l'accepte sans poser de question. Pourtant, il va se rendre compte bien plus tard qu'il a besoin d'éclaircir le passé pour construire sa vie. Après d'étranges rêves et les conseils de sa nouvelle amie Sara il entame son pèlerinage. Une ballade au coeur de son âme. 

Pourquoi cette exclusion ? Cette question va permettre à Tsukuru de découvrir les vies de ses amis. Entre drames et réussites les destinées seront inattendues. 

La solitude et la mélancolie se ressentent tout au long du roman sans que le héros ne se plaigne de son isolement, il paraît toujours dans l'accommodation. En se laissant bercer par sa vie il reste hanté par son passé. Le morceau Le mal du pays (Année de pèlerinage) de Liszt revient comme un leitmotiv. Il représente le souvenir de sa mystérieuse amie Blanche. Cette musique est un lien inoubliable qui le ramène au temps perdu. 

Ce beau roman est porteur d'une force, celle qu'il faut pour vivre. Vivre vraiment, avec son passé, malgré les pertes et les fracas et suivre son propre chemin. Ce roman d'apprentissage est une fiction frappante dont on se retrouve grandit. 




"Tsukuru avait devant lui une femme au corps éclatant de santé qui avait sûrement mené une vie totalement différente de la sienne. Il ne pouvait faire autrement qu'éprouver avec force le poids de cette réalité. En voyant noire debout devant lui, il eut le sentiment de prendre enfin conscience de ce que pèsent seize années. Il y a des choses dans le monde que seule une femme peut transmettre."

jeudi 1 septembre 2016

Songe à la douceur, Clémentine Beauvais




C'est instantanément que ce livre nous emporte avec lui. Avec fraîcheur Clémentine Beauvais nous parle de nos sentiments. On se reconnaît dans les pensées d'une Tatiana rêveuse puis dans les espoirs d'Eugène. 

L'auteure délivre avec une grande justesse les troubles du premier amour : les insomnies, les indigestions, les changements violents de teint et de température, la focalisation de toutes nos pensées, les émotions en montagnes russes, des doutes au grandes joies, on se revoit soi-même. C'est pour cela que ce roman peut toucher énormément de monde, jeune et moins jeune, le temps est l'un des thèmes qui ressort du roman. 

En effet, le temps est un acteur de premier rôle dans ce livre où 10 années ont bouleversé la personnalité des personnages, ils ont mûri, expérimenté, vieilli. Cela amène à réfléchir sur la focalisation que l'on fait lorsqu'on tombe amoureux, cette personne sera-t-elle la même dans 10, 20, 50 ans ? Un amour peut-il se poursuivre au fil du temps alors que nous changeons sans cesse par le travail, les événements, notre environnement, nos rencontres ... 

J'ai également particulièrement apprécié les nombreuses références : la bande-son au début du roman est réjouissante. Notre époque entoure intelligement ce roman, on se revoit il y a 10 ans utiliser MSN comme Tatiana ou encore googleliser un peu honteusement un amour perdu comme Eugène. 

Ce livre est un véritable sanctuaire poétique où les mots sont soigneusement disposés sous toutes leurs formes. Chaque page est une découverte visuelle, la disposition des mots donne du cachet à ce roman. Songe à la douceur m'a prit avec lui et m'a tour à tour bercé, électrisé, étonné pour me laisser finalement totalement séduite. 





"Je suis sûre que vous reconnaissez ce sentiment.
C'est étonnant, ces amours 
qui donnent des contours à nos attentes molles,
des couleurs intenses à nos décors,
qui nous font brusquement vivre en haute résolution,
et nous convainquent que le reste du monde
est tristement aveugle."